Du bricolage malin
Publié le 3 Avril 2014
Avec les plus-si-minis, quand je suis dans une phase de désespérance, je commence à sentir à nouveau le poids de la culpabilité. Celle qui fait suite aux cris et autres menaces qui sortent de mon gosier malgré moi. Dans ces cas-là, je fais en sorte de trouver une idée, une astuce, un nouveau truc pour sortir de l’impasse. Parce que je ne suis pas du genre à renoncer, et quand quelque chose ne fonctionne pas, je pars en quête d’alternatives.
Le sujet qui me donne régulièrement du fil à retordre, c’est d’accompagner mes plus-si-minis dans leurs émotions. Je ne parle pas de leurs joies et grands bonheurs, pour ces sentiments-là, pas de problème, j’adhère. Pour la tristesse ou le chagrin, mon cœur de maman se serre, et je sais trouver l’écoute nécessaire. Par contre, dès qu’il s’agit de colère, de crise de rage, de fureur, là, tous aux abris. Bon, on me dit dans l’oreillette que ce ne sont pas des émotions mais des décharges émotionnelles. Un besoin de libérer les tensions accumulées. OK, mais ça n’enlève rien au problème qui est d’y faire face, et calmement si possible. Ça doit être mon côté éponge qui m’empêche de rester sereine. Parce que plutôt que d’accéder simplement à l’empathie, je me positionne en jumeau et je sens monter la moutarde aussi sec. Voilà qui part plutôt mal…
Bon, il faut reconnaitre que parfois, quand même, j’arrive à prendre sur moi et à me mettre davantage à leur place. Alors, j’essaye de les aider à exprimer leurs émotions. Au début, avec Bull2Boy ça fonctionnait bien :
- Rhaaaa, J’EN AI MARRE !! (après avoir jeté son jouet à travers la pièce)
- Ah, on dirait que ce tracteur ne veut pas faire comme tu veux !
- OUIII (crié)
- C’est quand même énervant ces tracteurs qui font ce qu’ils veulent.
- OUI (un peu moins fort)
- Tu voudrais bien y arriver tout seul, j’ai l’impression (je le sais parce que si je propose mon aide il m’envoie bouler)
- Oui (ton normal)
- Maman, on fait un jeu ensemble ?
- Je suis désolée MissTer mais là je dois préparer le repas. Tu veux m’aider ?
- Non mais c’est pas vrai, t’as jamais le temps de faire des trucs avec moi d’abord !
- Je vois, tu voudrais bien que j'ai plus de temps pour toi.
- NON MAIS ARRÊTE, JE DÉTESTE QUAND TU ME PARLES COMME CA !!
Et elle partait en claquant la porte et en continuant à proférer des gentillesses contre moi depuis sa chambre.
Well well well. Cette habileté ne fonctionne donc pas avec elle. Et déjà, elle ne fonctionne même plus avec son frère… Nous voilà bien.
Heureusement, au détour de quelques lectures bloguesques, une solution m’est apparue : le réservoir affectif. Ce concept m’a d’ailleurs fait penser à la Carte de fidélité de Sandrine. J'ai un peu détourné le principe initial pour en faire un panneau des sentiments qui permettra de signifier aux autres quel est notre émotion du moment.
Première étape, la construction, qui nous a pris tout l’après-midi, tous les trois, pendant qu’Eurêka bricolait. Chacun son modèle, sa forme, son idée, le tout en carton. MissTer est partie sur un cœur peint en bandes de couleurs différentes. Elle y a ajouté un scratch par bande, pour positionner son curseur (un cœur également). J’ai préféré l'idée d'une sorte d'horloge rectangulaire, avec des cadrans colorés et une aiguille. Bulle2Boy aimait bien cette idée, je lui ai donc préparé un cercle (pour changer) qu'il a découpé en portions de couleurs, et une aiguille en carton.
Ensuite, on a cherché ensemble des dessins sur le net pour illustrer chacune de nos émotions. Là encore, on a personnalisé chacun à notre façon, pas question de copier sur le voisin.
Il ne restait plus qu’à mettre le curseur ou l’aiguille sur l’émotion qui nous animait. C’était rigolo, et ça permettait surtout de signifier aux autres « Attention, je suis d’une humeur massacrante ! » ou encore « Je ne suis pas super joyeux aujourd’hui, prenez soin de moi ». Pour ma part, j’ai aussi prévu un cadran illustrant « Au secours, trop de bruit pour moi ! » et un autre orienté « Trop fatigué, ne pas déranger ».
La confection date de novembre dernier, et nos trois cadrans sont toujours affichés au mur du salon. C’est vrai qu’on prend moins le temps de déplacer les aiguilles, mais régulièrement on y fait référence. Par exemple Bull2Boy peut se lever brusquement de table et pointer sa case noire (grosse colère). Ou alors il peut me demander à brûle pourpoint
Maman, tu es dans le rouge, là ?
Ou à distinguer la tristesse de la colère.
Commenter cet article