Etre mère - Un puits sans fond de questions

Publié le 3 Décembre 2014

A la base, je n’étais pas du genre à me faire des nœuds au cerveau pour comprendre le pourquoi du comment de la poule ou de l’œuf, ni à tenter de dompter mon Moi, mon Sur-Moi et consorts. J’étais (et suis toujours) nourrie à un mélange d’instantané, d’émotionnel et d’instinct. Si j’avais su, me serais-je préparée ?

Parce que voilà, qu’on le veuille ou non, devenir parent, c’est aussi se confronter à un nombre inimaginable de questions. Des plus prosaïques aux plus métaphysiques. De la petite prise de tête passagère à la définitive remise en cause. Ca nous tombe dessus sans crier gare. Et de récentes discussions me laissent penser que nous sommes nombreux à nous demander quand ça s’arrêtera, si ça se termine un jour.

D’abord il y a la grossesse, qui peut être plus ou moins bien vécue. Si j’ai eu la chance de vivre cette période comme une plénitude absolue (dans tous les sens du terme), la transformation n’est pas toujours évidente. La question de la féminité, du bouleversement de notre corps, de notre regard et de celui des autres. Mais c’est aussi la bascule qui s’opère : de « fille de » on s’apprête à devenir « mère de » avec toutes les inquiétudes que cela peut générer.

Puis vient l’enfant, et très rapidement débarquent les premiers questionnements, lot fourni de série avec la sacro-sainte responsabilité parentale qui nous tombe dessus sans crier gare. Il s’agit surtout d’interrogations très terre-à-terre (mais fondamentales), liées au sommeil, aux repas, aux soins du tout-petit. Mais oui ! C’est qu'il nous incombe de veiller à son bien-être, à son bonheur, à ce petit être ! Lesquels ne sont pas explicités sur l’emballage, d’autant plus que la notice explicative s’est apparemment dissoute dans le liquide amniotique. C’est là que nous découvrons le concept de l’expérimentation, potentiellement accompagné de premiers débats parentaux. Un régal. Le tout parsemé d’une belle chute hormonale augurant d’un fabuleux baby blues, c’est ma-gique. C’est à cet instant là que le mode baleine échouée qu’on déplorait le mois précédent nous rappelle à son bon souvenir.

Une fois qu’on a trouvé notre rythme, ou plutôt le sien, au tout-mini,il est déjà temps de reprendre le chemin du boulot. Non pas qu’on n’ait rien glandé ces derniers mois, c’est plutôt l’inverse, on a jamais eu des journées aussi remplies. Au point qu’on rêve d’une pause-café entourée d’adultes avec option langage. Sauf que désormais nos réflexes ont changé. On garde un œil rivé au téléphone, l’autre à l’horloge. Pas question d’être en retard pour récupérer notre précieux. L’heure du running entre deux transports, trois lieux (maison-crèche-boulot) et quatre statuts (femme, mère, working girl, amoureuse) a sonné. A nous les journées qui s’enchaînent, les nuits trop courtes et la course contre la montre. Et bien sûr les sournois points d’interrogation planent toujours : Et si …? Et comment …? Et pourquoi … ?

Etre mère - Un puits sans fond de questions

Finalement le temps file et on passe en mode automatique. Jusqu’à ce qu’on soit rattrapé par ses questions à lui, le plus-si-mini qui a désormais la parole et qui veut tout comprendre. Parce que lui, il ne s’en fout pas, de l’œuf et de la poule, et il voudrait bien comprendre, d’abord. Il va donc falloir s’y coller, trouver les bons mots, ceux qui sont adaptés à son âge, à ses attentes. Pas simple.

En grandissant il rejoint les bancs de l’école, et s’éloigne un peu plus de nous. Désormais il ne raconte plus ses journées par le menu, et nous voilà encore en train de nous demander si tout se passe bien pour lui. Si ses maux de ventre ne cachent pas un mal-être. On s’interroge sur le dosage entre le trop et le pas assez que nous faisons pour lui. Est-il assez mature pour … ? N’est-il pas trop jeune pour… ?

Est-ce vraiment nécessaire que j’anticipe sur la formidable période de l’adolescence qui se profile au loin, avec, parait-il, sa dose d’incompréhensions intergénérationnelles ? Non, je préfère rester dans l’illusion que tout se passera bien.

Et même si ces interrogations sont sans fin, je me raccroche à l’idée que c’est grâce à elles que je me connais chaque jour davantage, que je grandis moi-même et que je deviens peut-être, finalement,la mère qui me convient et qui leur convient le mieux.

 

C’était ma participation au Etre Mère hebdomadaire de Babidji !

 

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Rédigé par Aloès

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