Quand il s’agit d’amour fraternel

Publié le 3 Juin 2015

Quand je vois des frères et sœurs se faire de gros câlins appuyés et quotidiens, quand j’entends des parents décrire le lien si fort qui uni leurs enfants, quand je vois des aînés prendre la défense de leurs cadets, ou inversement, ça me fait rêver.

Oui, je rêve de voir un jour MissTer prendre Bull2Boy dans ses bras autrement que pour le forcer à lui rendre son bien. Oui je rêve de les entendre se donner des petits surnoms mignons plutôt que des noms d’oiseaux. Oui je rêve de les surprendre en train de comploter ensemble pour nous préparer une surprise. Je saurais même me contenter d’une grosse bêtise, si ça peut suffire à les rapprocher un tant soit peu.

Pour l’heure, ils sont davantage dans la compétition et le combat de coqs que dans la connivence. C’est à qui aura le plus de pâtes et le moins de légumes dans son assiette. C’est à celui qui grillera l’autre pour attraper son dessert / la télécommande  / la dernière fraise du potager. C’est à celui qui truandera l’autre pour le faire passer avant lui dans la salle de bain ou mettre la table à sa place. C’est à qui saura littéralement pousser l’autre des genoux de son parent, même si l’autre parent est disponible juste là.

Pourtant je ne peux pas dire qu’on entretienne cette jalousie, au contraire. On prône même la différence : leurs caractères différents, leurs goûts différents, leur âge et sexe différents. On explique que tout réuni, ça les rend uniques à nos yeux, et que ce sont toutes ces spécificités qu’on aime chez eux. Que leurs besoins en sont forcément distincts et qu’on répond à chacun d’eux du mieux possible.

Mais rien n’y fait, MissTer en revient toujours à la comparaison, soulignant systématiquement les cas où son frère est (de son point de vue) avantagé, et omettant bien sûr les autres. Parce que, tu comprends, c’est toujours elle qui doit ranger ses vêtements qui jonchent le sol de la salle de bain, et jamais elle qui peut choisir le programme TV.

Quand il s’agit d’amour fraternel

Je ne peux pourtant pas la blâmer, je crois bien que j’étais comme elle à son âge. La jalousie que j’éprouvais pour ma petite sœur n’est malheureusement pas une légende urbaine, même si j’aurais préféré. Pourtant on était très proches, on passait notre temps à jouer ensemble, mais je dois admettre que je la martyrisais quand même beaucoup. Mille excuses Little Sister, je ne me rendais pas compte !

Alors, en tant que parent, j’essaye de faire la part des choses. Et j’entends son sentiment, comme j’entends celui de Bull2Boy qui en a marre des commentaires désobligeants de sa sœur dès qu’il ouvre la bouche. Régulièrement je souligne à quel point il doit être pénible de devoir supporter son petit frère / sa grande sœur. Je ne leur ai d’ailleurs jamais demandé ou suggéré de faire des efforts pour s’entendre, l’amour et la tendresse, ça ne se commande pas. Je veille seulement à ce qu’ils se respectent, et c’est déjà tout un art.

Il m’arrive quand même de montrer mon agacement quand ils s’ennuient l’un et l’autre (au minimum 3 fois par jour) et veulent jouer avec moi … mais sans leur frère/sœur. Ces derniers temps, j’essaye de démontrer à MissTer à quel point son frère a grandi et pourrait faire un merveilleux copain de jeux. En en parallèle, je fais l’apologie à Bull2Boy de sa grande sœur qui pourrait l’aider mieux que moi à construire son édifice en kapla. Bien sûr, ça tombe à plat, rien ne vaut leur maman adorée qui n’est jamais libre, c’est quand même un scandale !

Mais je dois me rendre à l’évidence, depuis quelques temps, quelques indices disséminés çà et là me laissent penser qu’on n’est finalement pas si loin de la complicité fraternelle. Quand après le dîner ils filent dehors ou dans une chambre et reviennent 30 minutes après nous montrer leurs créations communes (cabane, dessins grotesques sur le tableau blanc, chorégraphie). Quand les bons mots de l’un font exploser l’autre de rire. Quand, l’air de rien, l’un se sent obligé de prendre soin de l’autre en dehors de la maison. Quand à y regarder de plus près, ils arrivent quand même à trouver des solutions sans nous pour résoudre quelques conflits. Quand malgré tout, ils avouent s’aimer l’un l’autre, parce que c’est normal, tu comprends,

C’est mon frère quand même !

Alors, qui sait, peut-être qu’un jour ils sauront s’entendre pour préparer conjointement un petit-déjeuner de fête des mères (on peut rêver). Ou qu’ils seront assez complices pour se couvrir mutuellement lors d’escapades nocturnes.

 

Quoi qu’il en soit, je ne suis pas inquiète. Parce qu’en tant que petite et grande sœur moi-même, j’en ai connu des disputes, des gestes brusques et des mots blessants qui marquent l’âme et le corps. Et pourtant aujourd’hui j’ai une relation sincère et enrichissante avec mon frère et mes sœurs, on n’a même jamais été aussi proches. Alors je me doute qu’ils n’ont pas fini de se tirailler l’un l’autre, que l’adolescence n’arrangera sans doute rien à l’affaire. Mais tôt ou tard, ils sauront se trouver et s’appuyer l’un sur l’autre pour traverser les pires et les meilleurs instants. Et c’est tout le mal que je leur souhaite.

 

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Rédigé par Aloès

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M
Ici c'est un peu l'amour vache (enfin, surtout de sa part à lui, pour elle il est un dieu vivant!). Je crois que j'ai arrêté de me projeter sur leur relation, et essaie d'intervenir le moins possible (bon, pour l'instant sans succès). Ce qui est sûr c'est qu'ils jouent de plus en plus ensemble, parfois même de très très longs moments, surtout dehors, je bénis notre jardin!<br /> Je suis sûre que tes enfants savent qu'ils peuvent compter l'un sur l'autre, et c'est bien là le principal!<br /> Gros bisous!
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A
Oui tu as raison, j'ai découvert qu'ils s'entraident en cas de besoin, c'est très rassurant ! Ah l'amour vache, on connait aussi en tant que mères, non ? Bises chère wineuse ;)
L
Ben moi à vrai dire les seuls souvenirs que j'ai où tu ralais contre moi sont ceux où tu devais aussi ranger ton bureau alors qu'il etait parfaitement range mais Papa l'avait malgre tout vide... sinon on s' amusait bien...
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A
Tant mieux alors ! Moi j'ai plutôt le souvenir que je dirigeais un peu trop nos jeux, un peu comme MissTer avec Bull2Boy... Mais oui, j'ai aussi et surtout de très bon souvenirs de jeux ensemble (le lit-bateau par exemple) !
A
Les miens sont en mode "vaszyquej't'étripe" pour mon plus grand plaisir :-s, on en arrive même à devoir aller chez le médecin pour un doigt de pied malencontreusement coincé dans une porte tout aussi malencontreusement claquée par deux crêpeuses de chignon...<br /> Heureusement, quelques moments de complicité viennent apporter un peu de baume au coeur.
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A
Pas d'accident à déplorer chez nous, mais franchement je ne serais pas étonnée que ça arrive ! Mais oui, 15 minutes de complicité suffisent souvent à effacer 15 jours de disputes ;)
W
Ici c'est la grande complicité ou des grandes disputes selon les moments entre mes fils. Pareil entre mes derniers. En revanche, le grand est protecteur avec sa soeur et lui passe tout ;-) Comme quoi c'est variable. On verra bien ce que ça donnera dans 20 ans !
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A
Oui c'est variable selon les enfants, et dans le temps aussi j'imagine ;)
P
Je leur souhaite tout plein de complicité et moins de batailles!
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A
Merci ! C'est tout à fait ça ;)